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Les successeurs de Géry
Ce neuvième panneau est consacré aux évêques et archevêques de Cambrai, presque tous successeurs de saint Géry. Une longue liste, 105 au total. En voici sept, choisis pour la trace qu’ils ont laissée dans l’histoire ou pour des événements marquants dont ils ont été les contemporains.
Fulbert
933 - 956
Fulbert, évêque de Cambrai et d’Arras, en un temps où Cambrai est dans la mouvance du Saint Empire romain germanique et de l’un de ses plus prestigieux souverains : Otton Ier. Celui-ci va trancher un conflit qui oppose l’évêque Fulbert au comte Isaac, qui détient le pouvoir civil sur la ville. L’empereur donne raison à Fulbert, confirmant et complétant l’immunité de l’évêque. Il lui attribue l’abbaye Saint Géry de Cambrai, qui était sous l’autorité du comte Isaac. C’est à ce moment qu’aurait été écrite la seconde Vita de Saint Géry. L’évêque et le chapitre cathédral reçoivent le contrôle de la monnaie et d’une partie des impôts. L’influence de Fulbert dépasse les limites du diocèse. Il fonde et réforme des monastères. Son épiscopat connaît aussi des temps troublés, attaqué par les Hongrois.
Pierre d’Ailly
1396 - 1411
Pierre d’Ailly, originaire de Compiègne où il est né en 1351, a fait ses études à l’université de Paris, dont il deviendra chancelier en 1381. Il a pour disciple et ami Jean Gerson. Pierre d’Ailly est un des grands auteurs de son temps, laissant une œuvre immense, quelques 170 titres dans des domaines aussi divers que la philosophie, théologie, cosmographie, astronomie et astrologie.
Un siècle plus tard, Christophe Colomb embarqua pour les Indes, et découvrit ainsi l’Amérique. À son retour, il ajouta à sa bibliothèque le célèbre ouvrage géographique de Pierre d’Ailly, l’Imago Mundi. Au long de sa vie, il cumulera les bénéfices ecclésiastiques, dans des lieux très divers, jusqu’à quatorze en même temps, situation scandaleuse pour l’Église de son temps et dont il n’est pas le seul à profiter. C’est un antipape, Jean XXIII, qui le nommera cardinal. Un Jean XXIII qu’il ne faut pas confondre avec le pape du même nom, qui en 1959 convoquera le concile Vatican II. La situation se régularisera au concile de Constance qui, en 1417, mettra fin au Grand Schisme d’Occident avec l’élection du pape Martin V que favorisera Pierre d’Ailly.
Maximilien de Berghes
1556 - 1570
Maximilien de Berghes est le dernier évêque d’un diocèse de Cambrai allant jusqu’à la mer du Nord, à l’embouchure de l’Escaut. Effet du concile de Trente, une bulle pontificale du 12 mai 1559 partage les Pays-Bas méridionaux en 14 évêchés. Cambrai perd des territoires, les archidiaconés de Bruxelles et Anvers, mais devient archevêché avec comme diocèses suffragants : Arras, Tournai, Namur et Saint-Omer. Maximilien de Berghes est, comme ses prédécesseurs, comte et évêque de Cambrai. Il est aussi prince du Saint Empire romain germanique. Il met en œuvre les décisions du concile de Trente en convoquant en 1565 un concile provincial et en 1567 un concile diocésain. Il fait venir les Jésuites dans la ville d’abord comme prédicateurs, puis en 1563 pour y fonder un collège qui abrite aujourd’hui le Labo, la médiathèque de Cambrai, et pour lequel, un siècle plus tard sera construite la très belle chapelle des Jésuites. Son épiscopat est marqué par la guerre opposant catholiques et protestants. En 1566 éclate ce qu’on appellera la Furie iconoclaste. Les protestants, notamment calvinistes s’en prennent aux églises, détruisant notamment statues et œuvres d’art. La ville de Valenciennes sous le contrôle des protestants est assiégée par les armées espagnoles qui feront exécuter 200 rebelles.
François Van der Burch
1615 - 1644
François Van der Burch est un modèle d’évêque tel que le Concile de Trente l’a voulu. Ses études l’emmènent successivement à Utrecht, à Douai, à Louvain. Puis sa carrière ecclésiastique le mène à Arras, Mons, Malines, Gand, où il est évêque trois ans, puis Cambrai où il sera évêque de 1616 à 1644. Durant toutes ces années, infatigablement, il visite les paroisses, choisit des pasteurs dignes et instruits, se préoccupe de l’enseignement du catéchisme et de l’instruction des pauvres, il crée des asiles et des maisons refuges, construit des monuments. C’est sous son épiscopat que sera fondée l’institution Notre-Dame-de-Grâce destinée à l’accueil et la formation d’une centaine de jeunes filles issues de familles modestes. C’est aussi en son temps que Rubens peignit la mise au tombeau qui est aujourd’hui ce chef-d’œuvre visible dans l’église Saint-Géry. François Van der Burch meurt à Mons en 1644. Grand voyageur de son vivant, il le restera post mortem, son corps reposant à Mons puis à Cambrai, où, depuis peu, son monument funéraire a été remonté dans la cathédrale.
François de Salignac de la Mothe-Fénelon
1695 - 1715
François de Salignac de La Mothe-Fénelon, originaire du Périgord, étudie à Paris, brillant prédicateur, il prend la direction d’un collège de jeunes filles. Après la révocation de l’Édit de Nantes, il est envoyé en mission en Aunis et en Saintonge pour convertir les protestants. Il devient en 1689 précepteur du duc de Bourgogne, petit fils de Louis XIV et potentiel roi de France. Il est en disgrâce suite à une querelle théologique, le Quiétisme, qui l’oppose à Bossuet, l’évêque de Meaux. On l’éloigne de Versailles en le nommant archevêque de Cambrai, auquel il consacrera toutes ses forces et qu’il parcourra inlassablement. Lors de l’hiver terrible de 1709 et après la bataille de Malplaquet, il ouvre les portes des églises et couvents aux soldats blessés.
Louis Belmas
1802 - 1841
Louis Belmas arrive à Cambrai quand Napoléon et le pape Pie VII mettent fin aux affrontements religieux, conséquence de la Révolution, en signant le concordat de 1801 qui, jusqu’en 1905, va régir les relations de l’Église et de l’État. Pour faire table rase du passé, un vaste mouvement d’évêques inaugure ces temps nouveaux. Pour Cambrai, c’est Louis Belmas qui est choisi. Né en 1757 dans le Languedoc, il est ordonné prêtre en 1781. Durant la Révolution, il adhère à la Constitution civile du clergé et devient en 1800 coadjuteur, puis évêque constitutionnel de l’Aude. Évêque de Cambrai en 1802, il arrive dans un diocèse en ruine à l’image de sa cathédrale gothique détruite. Il établira sa cathédrale dans l’abbaye du Saint-Sépulcre où elle est toujours. Il rétablit un séminaire. Son long épiscopat pansa bien des plaies et fut un temps de renouveau religieux. Il fut un des premiers évêques, en ces temps de révolution industrielle à s’intéresser aux questions sociales. En 1839, il dénonce « cette soif immodérée des richesses immole à ses fureurs ceux qu’elle emploie, et leur fait sacrifier leur temps, leurs forces, leur santé, par les travaux incessants qu’elle exige d’eux, ne leur abandonnant pour récompense qu’une faible portion de ce qu’ils produisent, laquelle répond à peine à une goutte, une seule goutte de leurs abondantes sueurs ».
Jean-Arthur Chollet
1913 - 1952
Né le 8 avril 1862 à Avocourt (Meuse), il intègre le séminaire académique des universités catholiques de Lille en 1881. Le 18 septembre 1886, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Verdun. Alors prêtre, il poursuit ses études en théologie et devient docteur en théologie en 1893. Entre 1896 et 1910, il est professeur de théologie, chargé de la chaire de philosophie scolastique (1896-1903) puis de théologie morale (1903-1910), à l’Université catholique de Lille. Dans le même temps, il devient chanoine honoraire de Verdun en 1902.
Durant ses années d’enseignement, il se prononce en faveur de la création du diocèse de Lille. Antimoderniste, proche de l’Action française, homme très influent, il est un farouche opposant de Mgr François Delamaire, dont il prendra la succession. Le 13 avril 1910, il est nommé évêque de Verdun et consacré le 19 juin de la même année à l’âge de 48 ans. Bien qu’ordinaire de Verdun, il continue son militantisme en faveur de la création d’un siège épiscopal à Lille qui verra le jour en 1913.
Le 21 novembre 1913, il devient archevêque de Cambrai, un diocèse qu’il a contribué à affaiblir. Les premières années de son épiscopat sont marquées par la Première Guerre mondiale. Le diocèse de Cambrai est occupé par les troupes allemandes. Il joue alors un rôle important pour protéger ses diocésains dont il partage le sort, en vivant prisonnier, assigné à résidence dans son propre évêché. En 1918, l’occupant quitte Cambrai en dynamitant la ville, détruisant l’ancien palais épiscopal et les archives diocésaines. Après la Guerre, Mgr Chollet s’emploie avec énergie à reconstruire son diocèse. Son action durant le conflit et les années suivantes lui vaut, en septembre 1921, d’être décoré de la Légion d’honneur. Son attention est aussi tournée aux soins de la reconstitution du patrimoine diocésain, à travers l’instauration d’une commission diocésaine d’histoire religieuse et d’art sacré par un décret du 13 février 1926. La seconde partie de son épiscopat est surtout consacrée aux questions nationales. Entre 1922 et 1952, il exerce la fonction de secrétaire de la Commission permanente de l’Assemblée des cardinaux et des archevêques de France, et c’est pourquoi de nombreux documents d’archives de l’A.C.A des années 1919 à 1964 sont conservés aux archives diocésaines de Cambrai. Il occupera la charge d’archevêque de Cambrai jusqu’à son décès, le 2 décembre 1952. Son épiscopat de 39 ans à Cambrai a été l’un des plus longs de l’histoire diocésaine.